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Au cimeti猫re, l'un apr猫s l'autre, chaque cercueil plac茅 sur l'茅paule des fossoyeurs est d茅pos茅 dans un caveau individuel. Quelques rares tombes de l'ex-"carr茅 des indigents", rebaptis茅 "espace de la fraternit茅", [url=http://www.izumito.com/Cgi-bin/takashima/bbs/joyful/joyful.cgi]louboutin pas cher If You Wou[/url] sont fleuries. Ferm茅 aux visiteurs pour cause d'intemp茅ries, le cimeti猫re est vide. Dans un silence feutr茅, Dominique Guyot et Claire Michel se succ猫dent devant chaque tombe. Au fond, repose un cercueil en bois surmont茅 d'une plaque au nom du d茅funt. Apr猫s lecture de leur texte et un bref instant de recueillement, ils d茅posent soigneusement sur chaque caveau referm茅 un petit pot de cyclamen rose fuchsia.
Dans son [url=http://park11.wakwak.com/~yda/cgi-bin/kokoa/keitaibbs/epad.cgi%3Fmode%3Dview%26no%3D1118664%26res%3D1%26page%3D400]barbour jackets Grand Canyon [/url] petit bureau des hauteurs de Belleville, 脿 Paris, C茅cile Rocca, seule permanente, ne veut pas que l'on r茅duise la mission du collectif 脿 l'accompagnement des morts isol茅s. "Nous ne sommes pas une association d'anciens combattants", insiste la coordinatrice, et de la devise du collectif : "En honorant ces morts, nous agissons aussi pour les vivants."
Bonnet sur la t锚te, chaussures de montagne aux pieds, Dominique Guyot et se sont retrouv茅s 脿 8 heures devant l'Institut m茅dico-l茅gal de Paris. Les deux b茅n茅voles ne se connaissaient pas. Une br猫ve pr茅sentation, et les voil脿 co茅quipiers pour la matin茅e. Portes ouvertes devant l'entr茅e de service de la "morgue", un fourgon gris attend. La proc茅dure est toujours la m锚me. L'employ茅 des fun茅raires de la s'occupe des formalit茅s. C'est aussi lui qui conduira le fourgon jusqu'au cimeti猫re, les deux b茅n茅voles 脿 ses c?t茅s.
Lieu d'information pour les proches des [url=http://www.thehygienerevolution.com/hollister.php]hollister[/url] personnes 脿 la rue, le collectif s'attache aussi, 脿 travers un travail de recensement, 脿 les re?ues sur les conditions de vie et de d茅c猫s des exclus. Chaque ann茅e, il organise deux c茅r茅monies la?ques o霉 les noms des morts sont rendus publics. Un hommage de plus 脿 ces d茅funts qui d茅rangent. Alors, quand on lui demande de de l'accompagnement, C茅cile Rocca la joue modeste. "La Ville de Paris s'engage 脿 nous pr茅venir des d茅c猫s, et nous nous engageons 脿 les accompagner." En r茅alit茅, lorsqu'elle dispose d'un minimum d'茅l茅ments d'identification, C茅cile Rocca contacte une quarantaine d'associations de solidarit茅.
n'a jamais connu [url=http://www.rtnagel.com/airjordan.php]jordan pas cher[/url] Jean-Mary. Mais en tant que b茅n茅vole du collectif Les Morts de la rue, il a tenu en ce lundi de janvier 脿 lui un ultime hommage. "Qui 茅tiez-vous ? Que faisiez-vous 脿 Paris ? De quoi 锚tes-vous d茅c茅d茅 ?... Nous ne savons rien de vous, mais nous sommes l脿 en simple t茅moin de votre pour de notre solidarit茅..." La voix de Dominique s'茅l猫ve dans l'immensit茅 des 103 hectares du cimeti猫re de Thiais, le second par la taille en .
"On a parfois des d茅funts jeunes, n茅s dans un petit village. Je ne suis pas s?r que les autorit茅s aient mis tous les moyens pour leurs familles", d茅plore Dominique Guyot. Pour contre [url=http://www.giuseppezanottipaschere.com]giuseppe zanotti sneakers[/url] cet oubli, les noms des d茅c茅d茅s sont publi茅s soit sur le site de l'association, soit sur celui de la Ville de Paris. Ces listes permettent parfois aux familles de , des ann茅es plus tard, un proche disparu. Et [url=http://www.teatrodeoro.com/hollisterde.php]hollister deutschland[/url] C茅cile Rocca de le cas de ce jeune toxicomane mis 脿 la porte de chez lui et retrouv茅 par son fr猫re jumeau par le biais du site Internet. Ou de [url=http://www.ktbruce.co.uk/hollisteroutlet.php]hollister outlet[/url] cette jeune fille dont la vivait 脿 l'茅tranger et qui n'茅tait pas au courant de son d茅c猫s. Toutes ces histoires justifient le soin avec lequel les accompagnateurs retranscrivent les circonstances de l'enterrement.
A 65 ans, il a toujours la fibre sociale. Ancien syndicaliste, il a 茅t茅 premier secr茅taire national de la CFDT-ANPE. Se au cimeti猫re pour un mort isol茅 est pour lui un "devoir de citoyen". "De leur vivant, les personnes ont droit 脿 la pr茅sence d'un avocat. A leur mort, il est normal qu'il y ait quelqu'un qui puisse que l'inhumation s'est faite dans la dignit茅 et le respect de la personne." Il l'avoue, son engagement d茅range souvent. Parfois, on lui dit : "Tu ne crois pas qu'il y a assez de [url=http://www.ktbruce.co.uk/mulberrysale.php]mulberry sale[/url] vivants dans la mis猫re [url=http://www.par5club.com/louboutin.php]louboutin[/url] pour t' des morts ?"
Dans cinq ans, les tombes "脿 d茅composition rapide" de Thiais o霉 reposent Jean-Mary, Dobrosan, Pascal et Georges seront vid茅es. Pr锚tes 脿 d'autres morts isol茅s. Leurs restes seront incin茅r茅s puis dispers茅s dans un du . Au fond d'un tiroir, une petite fiche blanche attestera qu'ils ne sont pas partis seuls.
Claire Michel a pr茅f茅r茅 dans un recueil pr茅par茅 par le collectif, mais elle a pris soin de le un peu : "C'est plus facile quand on a au moins un nom, une date ou un lieu de naissance, comme c'est le cas aujourd'hui."
"Nous essayons de des proches ou des amis qui s'occuperont alors des fun茅railles. Nous ne prenons en principe en charge que ceux qui n'ont personne ou qui n'ont pas eu le temps de des liens avec des associations." Cette recherche explique [url=http://www.sandvikfw.net/shopuk.php]hollister sale[/url] qu'assez peu de SDF se retrouvent dans ces convois. "Ils sont souvent connus et suivis par une soupe populaire, une maraude, un d'h茅bergement...", poursuit C茅cile Rocca. En aucun cas le collectif ne se substitue 脿 la , responsable des recherches des familles. Les circonstances du d茅c猫s ne lui sont d'ailleurs pas communiqu茅es.
Avant de , tous deux ont pr茅par茅 le petit texte qu'ils vont au cimeti猫re. Seule contrainte, il ne doit aucune allusion religieuse. Dominique Guyot a choisi pour le d茅part de Georges un po猫me d'Eug猫ne Pottier, "Les morts ont besoin des vivants". "On oublie souvent que l'auteur de L'Internationale 茅tait aussi un po猫te", remarque-t-il. Pour Jean-Mary, il a laiss茅 libre court 脿 son inspiration.
Dans le petit matin glac茅, Dominique Guyot et Claire Michel patientent. Comme tous les accompagnants du collectif, ils ont tenu 脿锚tre pr茅sents, au d茅part du convoi, m锚me si tout se fait 脿 l'abri de leurs regards. "On ne voit m锚me pas les personnes qui chargent les cercueils dans la camionnette. Une fois, on s'est retrouv茅s avec un cercueil de trop", explique Claire Michel. [url=http://www.jeremyparendt.com/Hollister-b5.php]hollister[/url] Le lundi, l'association r茅cup猫re les corps 脿 l'Institut m茅dico-l茅gal, le mercredi, dans les chambres fun茅raires des h?pitaux parisiens.
N茅 en 2002, le combat du collectif a trouv茅 un 茅cho inattendu en 2003 avec la canicule. "Les pouvoirs publics ont brutalement 茅t茅 oblig茅s d' que chaque mois des dizaines de morts n'茅taient pas r茅clam茅s et qu'ils avaient pour obligation de leur une s茅pulture", se rappelle , pr茅sident du collectif. Une douzaine d'associations du m锚me type existent aujourd'hui en France.
A l'association, la la?cit茅 est de r猫gle. Dominique Guyot est ath茅e. Claire Michel, jeune retrait茅e, ancienne d茅coratrice, est, elle, croyante. Militante 脿 l', elle s'occupe aussi b茅n茅volement d'une biblioth猫que dans un h?pital. Elle a connu le collectif "gr?ce 脿 [url=http://forum.loveshouse.com/home.php?mod=space&uid=226966][/url] un couple d'amis", mais en y r茅fl茅chissant elle se rend compte que c'茅tait quelque temps apr猫s la mort de son p猫re. "Il me r茅p茅tait toujours : "Quelle que soit la vie qu'on a eue et ce que l'on a fait, un 锚tre humain doit dignement." C'est peut-锚tre 脿 cause de lui que je suis l脿 aujourd'hui." Elle aussi reste discr猫te. Seuls quelques proches connaissent son implication.
Avant de chez eux, juste apr猫s la c茅r茅monie, Dominique Guyot et Claire Michel s'arr锚tent dans un caf茅. Pour perp茅tuer la tradition ancienne des rites fun茅raires, mais aussi pour une trace, au cas o霉... Devant une boisson chaude, ils r茅digent soigneusement leur compte rendu. On y retrouvera leurs noms, celui du chauffeur, la date et l'heure de l'inhumation... M ais aussi, ce lundi-l脿, ils ont parl茅 de la qui faisait le cimeti猫re de Thiais 脿 une plaine sib茅rienne, des traces des pattes d'un oiseau sur le manteau blanc [url=http://www.rtnagel.com/louboutin.php]louboutin pas cher[/url] des tombes, du petit pot de cyclamen, de notre pr茅sence... "Des d茅tails qui apaiseront les familles si un jour elles se manifestent. Elles pourront se que leurs morts n'auront pas 茅t茅 enterr茅s [url=http://www.jeremyparendt.com/Barbour-Paris.php]barbour pas cher soldes[/url] comme des chiens", explique Claire Michel.
Sur les 200 b茅n茅voles que compte le collectif, une soixantaine font des accompagnements, jamais plus d'un par trimestre. "Les responsables font bien attention 脿 ce que notre tour ne revienne pas trop souvent. Ce serait morbide de se uniquement sur cet engagement. Il faut 锚tre bien dans sa t锚te", consid猫re Dominique Guyot. Ce fonctionnaire 脿 la retraite a connu le collectif en faisant des recherches g茅n茅alogiques. "Je me suis aper?u que beaucoup de gens mouraient seuls, ?a m'a r茅volt茅."
Depuis 2004, par convention avec la , l'association accompagne les morts isol茅s dans leur derni猫re demeure. L脿, ceux que l'on appelle encore "les indigents" sont enterr茅s gratuitement par la collectivit茅 dans une des six divisions qui leur sont r茅serv茅es. 3 600 caveaux blancs anonymes avec pour seul signe distinctif un chiffre sur les c?t茅s. Chaque ann茅e, entre 300 et 400 personnes sont ainsi inhum茅es.
L'histoire de Jean-Mary, comme celles de Dobrosan, Pascal et Georges, enterr茅s le [url=http://www.fibmilano.it]woolrich[/url] m锚me jour, restera myst茅rieuse. Tous font partie de ces morts "abandonn茅s" que personne n'est venu r茅clamer. Sans-domicile-fixe, personnes ?g茅es, accident茅s, 茅trangers en situation irr茅guli猫re, d茅funts dont les familles ou proches n'ont pas 茅t茅 retrouv茅s ou n'ont pu 锚tre pr茅sents... des hommes et des femmes aux trajectoires singuli猫res mais unis dans la pr茅carit茅 ou l'isolement.